lundi 23 janvier 2012

Adieu mon île

 Je ne vivrai plus au pays de mon enfance.


Toujours, immensément, me manqueront la vue, le gout et l'odeur de la mer chaude qui m'a bercée. Moi qui fut l'enfant de cette mer, mes enfants n'en auront que des fragments, petits grains dispersés qui craquent sous la dent. Je ne sais même pas s'ils sauront un jour lire le sable et les marées.


Ils ont dressé des grilles et des murs là où j'ai appris l'essence même de la liberté...

La nature, ma nature, s'y est mise aussi, le laid a avalé le beau. Ici tout est démesure, même la bêtise humaine. Il flotte sur mon ile épicée des relents de barbarie qui me glacent le sang.

L'homme est de loin l'animal le plus dangereux. Les mères dévorent les filles, les hommes traquent les enfants.


Sous le regard implacable d'une beauté fascinante, que les gens rient, que les gens pleurent, partout explosent les couleurs sauvages, vraies, criardes, magnifiques.

Je suis d'ici.

Cette terre m'a donné chair, je la reconnais, je lui appartiens. Longtemps elle a été le souffle qui me manquait. Cette eau coule dans mes veines.

Elle me manquera toujours, plus que je ne saurai le dire. Ces bruits, ces odeurs, cet air moîte et humide, cette vie foisonnante et anarchique, comme une plaie ouverte cachée au fond de moi.

Comme un sourire, aussi, trésor au cœur du cyclone.


Je l'aime et je me sauve. Je l'ai perdue. J'ai le coeur brisé.




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